Caracalla (de son nom romain latin, parfois francisé en Caracalle), né Lucius Septimius Bassianus le 4 avril 188 à Lugdunum (en Gaule lyonnaise) et mort assassiné le 8 avril 217 près de Carrhae (dans la province romaine de Syrie), est un empereur romain, qui régna de 211 jusqu’à sa mort en 217 sous le nom de Marcus Aurelius Severus Antoninus Augustus.
Vilipendé par les historiens antiques, Caracalla succède à son père Septime Sévère et règne dans la violence. Son premier acte est d’assassiner Geta, son jeune frère et cohéritier. Admirateur d’Alexandre le Grand et apprécié des soldats dont il augmente les soldes, il mène campagne contre les Germains et contre les Parthes et exerce une répression sanglante contre les habitants d’Alexandrie. Sans que l’on connaisse la motivation de cette décision, il promulgue l’édit de Caracalla qui étend le droit de cité à tous les hommes libres de l’Empire romain.
Il meurt assassiné en 217 lors d’un attentat improvisé par son préfet du prétoire Macrin, qui ne règne qu’un an avant d’être éliminé à son tour.
Enfance
D’origine berbère et punique par son père Septime Sévère et syrienne par sa mère Julia Domna, il naquit en 188 à Lugdunum (aujourd’hui Lyon), dans le secteur de l’actuel palais Saint-Pierre, son père étant alors gouverneur des Gaules. Baptisé Lucius Septimius Bassianus, il fut par la suite renommé Marcus Aurelius Antoninus, afin d’être rapproché de la dynastie des Antonins. Son sobriquet de Caracalla vient d’un type de vêtement gaulois à capuchon et manches longues qu’il avait coutume de porter dès l’âge de douze ans.
La conquête du pouvoir
L’empereur Septime Sévère a associé au trône ses fils, Caracalla en 198 et Géta en 209, en les nommant Augustus. À la mort de Septime Sévère en 211, ses soldats tiennent à respecter son testament, obligeant Caracalla à partager le pouvoir avec son frère Publius Septimius Geta. Une fois la paix revenue, l’armée démobilisée, et la famille impériale de retour à Rome, d’un coup de glaive dans la gorge il fait assassiner son frère Géta réfugié dans les bras de leur propre mère, Julia Domna, qui tentait probablement de les réconcilier. Devant les prétoriens puis devant le Sénat, il justifie sa conduite en prétextant un complot qu’aurait fomenté son frère.
Caracalla ordonne ensuite au Sénat de prononcer la damnatio memoriæ de Géta : il fait effacer le nom de son frère des monuments de Rome et interdit même, sous peine des pires supplices, que celui-ci soit prononcé en sa présence. Plus rien ne doit évoquer son existence. Il se livre ensuite à une série de meurtres systématiques (20 000 selon Dion Cassius) ayant pour cible les amis, les relations et les partisans de Géta ou de possibles compétiteurs (dont un petit-fils de Marc Aurèle, Pompeianus, dernier enfant de Lucilla). De nombreux assassinats visent de hauts membres d’une élite, déjà restreinte, dont des fonctionnaires et des administrateurs de talent, ainsi que des juristes, et des économistes. Ainsi, les impôts et autres ressources fiscales sont moins contrôlés, ce qui favorise la corruption et les fraudes, et qui a pour conséquence d’affaiblir encore plus le pouvoir impérial.
Le règne
Sa politique intérieure, inspirée par sa mère et les juristes de son père, ne diffère guère de celle de Septime Sévère avec des aspects plus égalitaires. Il est difficile de préciser quel est son rôle personnel et l’on a tendance, comme aux temps de Néron ou de Commode, à attribuer le meilleur à ses conseillers et le pire à lui-même. D’une manière générale, Julia Domna dirige les affaires intérieures et administratives et laisse à son fils la conduite de la guerre.
Identification à Alexandre le Grand
Caracalla est réputé pour la grande admiration qu’il voue à Alexandre le Grand au point de s’identifier au conquérant macédonien, se déclarant le « nouvel Alexandre ». À Alexandrie, il rend hommage au tombeau d’Alexandre — qu’il avait probablement déjà visité en accompagnant son père Septime Sévère — où se trouve le corps momifié qu’il recouvre de son manteau impérial avant de le faire fermer définitivement après son passage. Lors de son passage à Alexandrie, aucune allusion ne sera faite concernant une éventuelle visite à la bibliothèque d’Alexandrie.
Il constitue une armée de plus de 16 000 hommes équipés comme les anciens phalangistes macédoniens baptisée « phalange d’Alexandre », ainsi qu’un « bataillon laconien de Pitana » constitué de jeunes Spartiates. Il remporte plusieurs victoires contre les Parthes, les « nouveaux Perses », permettant l’annexion de l’Osrhoène. Lors de cette campagne en Orient, lui-même s’habille en vêtements macédoniens et demande à ses généraux de prendre le nom des généraux d’Alexandre.
Les massacres d’Alexandrie
Le déplacement de Caracalla à Alexandrie de décembre 215 à avril 216 est, malgré un accueil somptueux réservé par les Alexandrins, l’occasion de plusieurs massacres au sein de la population locale. Les raisons n’en sont pas claires : ils sont peut-être motivés par la préférence affichée de la population locale pour son frère Géta ou encore par les émeutes ayant précédé sa venue. Mais l’empereur, d’une susceptibilité maladive, semble également avoir été l’objet d’une satire et de moqueries de la population pour son identification à Alexandre ou encore pour sa petite taille.
Un premier massacre concerne une délégation religieuse venue à sa rencontre, que l’empereur a peut-être considérée comme une ambassade alexandrine alors qu’il avait interdit toute ambassade depuis 213. Selon Hérodien, l’empereur lâche ensuite ses troupes sur la ville, qui la mettent à sac, se livrant à un massacre si épouvantable « que les flots de sang, traversant l’esplanade, allèrent rougir l’embouchure, pourtant très vaste, du Nil ». Un second massacre concerne les petits entrepreneurs de la ville qui n’avaient pas livré à temps des statues de l’empereur. Enfin, un troisième massacre qui prend place au printemps 216 concerne la jeunesse alexandrine, qui s’était moquée des prétentions de Caracalla à s’identifier à Alexandre et à se travestir à l’effigie de l’illustre conquérant. Ces massacres sont en outre accompagnés d’un édit de 215 qui ordonne l’expulsion massive des autochtones de la ville.
Le bilan du massacre est difficile à évaluer et varie d’un historien à un autre ; peut-être 15 000 morts. Le chiffre peu vraisemblable de 100 000 morts fut avancé. Les massacres ne touchaient pas que la ville d’Alexandrie, mais aussi sa banlieue, les villages alentour et l’ensemble du delta du Nil. Ce sont surtout l’élite et les intellectuels d’Alexandrie, de culture grecque, qui sont décimés. Caracalla, qui s’identifiait à Alexandre, en détruit ainsi l’héritage : de nombreux monuments ou édifices furent démolis, l’histoire de la ville fut oubliée sans transmission au reste de la population, de telle sorte que, par exemple, vers 300 on n’arrive plus à situer où est le tombeau d’Alexandre le Grand. Alexandrie perd son rôle culturel d’autrefois et devient un modeste port qui transporte les céréales du pays vers le reste de l’empire. Autre conséquence : le démotique (ou copte) s’impose comme la langue majoritaire d’Alexandrie et de toute l’Égypte, le grec déclinant fortement au profit du latin. Il faut attendre les débuts du iv siècle pour voir un ultime sursaut du grec savant à Alexandrie, et seule la langue démotique est encore parlée (jusqu’au milieu du xx siècle) par une minorité.
Autre conséquence majeure, le port d’Alexandrie, qui était l’un des poumons économiques de l’empire, décline car une grande partie des affréteurs sont décimés lors des massacres de Caracalla. Les contacts commerciaux avec des contrées lointaines disparaissent ou diminuent et le trafic de marchandises s’effondre. Ainsi, par exemple, les échanges avec l’Inde, qui étaient fructueux depuis des siècles, soit depuis la période d’Alexandre le Grand, s’étiolent. Des escales d’échanges commerciaux, établies aux bords de la mer Rouge, sont même abandonnées (par exemple l’ile de Socotra).
La défense des frontières
Caracalla passe la plupart de son temps auprès de ses troupes et à la guerre.
À partir de 213, Caracalla mène plusieurs campagnes contre les Alamans à la fois sur le Rhin et sur le Danube. Victorieux sur le Main, il prend le surnom de Germanicus Maximus et assure une vingtaine d’années de paix au front occidental, jusqu’au règne de Sévère Alexandre.
En 216, il entre en guerre contre le royaume parthe et envoie une armée en Arménie. Lors de sa campagne, Caracalla demande en mariage la fille d’Artaban, le roi des Parthes. Il l’obtient et, accompagné de toute son armée, se rend en Mésopotamie pour célébrer les noces impériales. Quand la foule, civils et militaires confondus, est rassemblée pour la fête, près de Ctésiphon, leur capitale, Caracalla donne un signal et le scénario du massacre d’Alexandrie se reproduit : les soldats romains se ruent sur les Parthes et les égorgent en masse. Le roi parthe s’échappe de justesse et ne songe plus qu’à se venger de la duplicité romaine.
La guerre contre les Parthes en Asie, et celle contre les Germains, vers le Rhin, vident les caisses de l’état. Aucune victoire décisive ne se déroule sous le règne de Caracalla. Durant le règne, de nombreux militaires provinciaux s’imposent et discutent des ordres, ou projets de guerres de l’empereur.
Source : Wikipedia
Caracala est-il vraiment berbère ?