Les vestiges ensablés de Sedrata, à une dizaine de kilomètres au sud de la ville actuelle de Ouargla, font aujourd’hui figure de lieu de mémoire pour l’ibadisme maghrébin. Chaque année un pèlerinage s’y déroule, attirant des représentants des communautés ibadites du Maghreb mais aussi des visiteurs de plus en plus nombreux. Plus qu’à une description du site archéologique, fouillé par l’archéologue suisse Marguerite van Berchem entre 1950 et 1955, cet article s’attachera à décrypter son importance dans la mémoire et dans l’imaginaire historiques de l’Algérie, de la période coloniale à nos jours. Nous nous attachons tout d’abord à la découverte du lieu, décryptée à la lumière des grands voyages d’exploration du Sahara de la fin du xixe siècle. La récupération académique du lieu, à l’orée du xxe siècle, est l’occasion de réfléchir sur les grilles d’interprétations ethnicisantes et culturalistes mises en place pour l’identification et la compréhension des vestiges et des décors de stuc. Nous nous arrêtons sur les travaux de M. van Berchem, qui firent de Sedrata un élément du « patrimoine » national algérien. Nous suivons également les derniers développements du mythe de Sedrata dans les écrits du Père Blanc J. Lethielleux, qui entremêlent de façon indéchiffrable traditions historiques et traditions locales. Enfin, nous nous intéressons à l’action des associations locales pour la sauvegarde du site et pour le rayonnement du pèlerinage.
Issedraten (Sedrata) sur carte MAP
Sources
Texte : journals.openedition.orgPhotos : BM Bachir