L’arc de triomphe de Tébessa ou arc de triomphe de Caracalla est un arc de triomphe romain appelé communément « arc de Caracalla ». Construit en 214 après Jésus Chris, l’arc de Caracalla est assez bien conservé. Comme l’arc de Janus à Rome, il est l’un des rares arc « quadrifons » connu ou arc à quatre faces.
L’arc de triomphe de Caracalla est situé en avant de la muraille de manière que sa face postérieure vient s’y appuyer et même s’y confondre. L’arc sert de porte principale à l’ancienne ville Thevest sous le nom de « Porte de Caracalla ».
Cet arc de Caracalla est un carré de quatre façades et de quatre portes égales précédées chacune de quatre colonnes du même ordre, formant en tout seize colonnes, actuellement il n’en subsiste que quatorze colonnes.
L’arc de triomphe de Caracalla, avec ses arcs à quatre portes égales, est de type quadrifrons. Le seul arc de triomphe similaire connu est l’arc de Janus Quadrifrons à Rome (les arcs de d’Antinoé, celui d’Antioche et l’arc des Gavii à Vérone n’ont pas quatre faces égales).
L’arc de Janus Quadrifrons était donc l’autre seul arc debout qui présente ces caractéristiques. Mais l’arc de triomphe de Tébessa est infiniment plus riche, plus beau et plus élégant.
L’arc de Caracalla, communément appellé « Porte de Caracalla », se compose de quatre pieds-droits carrés de 3,17 mètres de côté (Pied-droit ou piédroit , dit également montant ou jambage, il désigne ici le pilier carré qui porte la naissance de l’arcade), le tout dans un carré de 10,94 mètres de côté.
Moll Capitaine du Génie Civil français (1860-1861), précise que « le massif du monument se compose de quatre pieds-droits, réunis deux à deux par des arceaux de 4m,60 de portée, avec une hauteur sous clef de 8m,30. Chacun de ces pieds-droits est un carré de 3m,17 de côté et l’ensemble des quatre est également disposé en carré : ce dernier à 10m,94 dans ses deux dimensions ».
Deux de ces pieds-droits mentionnent sur un de leurs côtés intérieurs des inscriptions mentionnant les dispositions du testament du Caïus Cornelius Egrilianus, préfet de la 14° légion, inscriptions traduite du latin reproduite ci-dessous. La hauteur du sol au bord supérieur de la corniche est de 10,93 mètres ce qui fait que le massif de l’arc constitue un cube presque parfait.
Ces pieds-droits sont réunis par des arceaux, formant quatre faces semblables. L’inscription de la face sud comporte une dédicace à Caracalla, datant de l’an 214 après J.C. Celle de la face est une dédicace au père de Caracalla, Septime Sévère. Celle de la face nord est complètement détruite et à la place, on y trouve une inscription byzantine commémorant la réédification de Thévest par le général Salomon.
Témoignage du savant Monsieur Letronne en 1847 sur le but de la construction de l’arc de triomphe de Caracalla de Tébessa :
« C’est d’honorer la mémoire de Septime Sévère, le père de l’empereur régnant Antonin Caracalla (Lucius Septimius Bassianus). Septime Sévère est mort en 21 1. Ainsi il n’a pas fallu moins de deux à trois ans pour achever ce beau monument qui aurait fait honneur à la capitale d’un empire ».
Testament de Caïus Cornelius Egrilianus citoyen tébessien, préfet de la 14° légion romaine :
La famille Cornelia de Théveste représentée par deux frères Cornélius Fortunalus et Caïus Cornélius Egrilianus commande la 14eme légion Gémina (Romaine) et leur sœur Cornélius Quiuta, portent, comme tous les berbères, un dévouement et une très grande vénération de l’empereur Seplime-Sévère. Lui-même berbère (Amazigh) les leur rend bien dans tous ses actes de gouvernance.
A sa mort en 211, Caïus Cornélius Egrilianus commande la 14eme légion légua sa fortune à son frère et sa sœur, tout en leur imposant par un testament, certaines obligations qu’ils devraient remplir, sous peine de perdre l’héritage.
Extrait du testament de Caïus Cornélius Egrilianus commandant de la 14eme légion romaine suivi de quelques commentaires :
« 1er On élèvera un arc de triomphe surmonté de deux tétrastyles qui renfermeront les statues des deux Augustes.
On érigera aussi dans le forum des statues au divin Sévère et à la déesse Minerve. Deux cent cinquante mille sesterces seront employés à l’exécution de ces divers travaux ».
Nota : Les deux Augustes ne peuvent être que Géta et Caracalla. Les deux frères (Empereurs) ont régné en même temps durant une courte période 211-212
2eme « Une deuxième somme de 250 000 sesterces sera consacrée à donner des bains gratuits à tout le peuple dans l’établissement des thermes ».
La dernière inscription, sur le pied droit Nord-Est, face à celui mentionnant le legs, une inscription indique les jours de l’année auxquels ces bains gratuits seraient donnés. Ces jours sont au nombre de 64 et inégalement distribués dans les différents mois, soit :
3eme « Cent soixante dix livres d’argent …… et quatorze livres d’or seront déposées au Capilole et employées à… .. »
Nota : Le texte incomplet et le manque de matériaux ne permettent pas d’expliquer cette troisième partie du legs.
Ce qu’il faut savoir sur les arcs de triomphe :
Les arcs de triomphes sont en général désignés par le nombre de leur portes. ils sont de quatre types, soit :
– les arcs de triomphe « monopyles »
Se sont des arcs de triomphe avec une seule porte, on recense les arcs suivants : l’arc de Titus et l’arc de Galien (Italie), les arcs d’Auguste à Aoste (Italie), à Suse (Italie), à Rimini (Italie), l’arc de Sergius à Pola (Croatie), les arcs de Trajan à Ancone et à Bénévent (Italie), les arcs d’Hadrien à Athènes (Grèce), les arcs d’Orange et de Saint-Remy (France), de Constantine, l’arc de Caracalla (Djémila), les arcs de Commode et de Marc Aurèle à Lambése (Algérie)…
– les arcs de triomphe à deux portes :
Se sont des arcs composés de deux portes égales servant l’une pour l’entrée et l’autre pour la sortie.
Les arcs de triomphe de ce types sont celui de Langres, d’Autun, de Nîmes, de Vérone, etc….
– les arcs de triomphe à trois portes :
Les trois portes de ces arcs de triomphe sont destinées l’une pour les voitures et c’est la plus grande et le deux autres, plus petites, pour les piétons. Les arcs de ce type sont les arcs de Septime Sévère et de Constantin à Rome, l’arc d’Auguste à Fano, la porte d’Herculanum à Pompéi, de Lambèse en Algérie.
– les arcs de triomphe à quatre portes :
Se sont les arcs les plus rares de type « quadrifrons » qui ont les quatre faces égales. Les deux seuls arcs de triomphe « quadrifrons » existants sont l’arc de Janus à Rome (Italie) et l’arc de Caracalla à Tébessa (Algérie). L’arc de Tébessa est infiniment plus riche et plus élégant.
Les arcs de triomphes répondent aux besoins de la religion romaine qui impose aux guerriers revenant d’une guerre ou de campagne(s) de passer par une porte magique, pour les décharger des énergies destructrices qu’ils portaient en eux et qui seraient dangereuses pour leurs compatriotes. Les arcs de triomphes qui constituent ces portes étaient placées généralement à l’entrée des villes.
L’arc de triomphe romain appelé « arc de Caracalla », intégré dans une citadelle à l’époque byzantine , sert depuis de porte à la ville, ouverture dans le rempart nord de l’enceinte, décentrée vers le nord-est.
Exceptée l’absence de trois colonnes, l’arc de Tébessa est assez bien conservé. Il est comme l’arc de Janus à Rome, un des rares exemples d’arc « quadrifons », arc à quatre faces que l’on connaisse.
De nombreux auteurs pensent que l’arc de Tébessa était situé à un carrefour d’une voie importante où d’un établissement public.