Achir est une ancienne ville d’Afrique du Nord, première capitale de la dynastie musulmane berbère des Zirides, sous suzerainté Fatimide située à une altitude de 1 280 m dans les monts du Titteri, dans l’actuelle commune algérienne de Kef Lakhdar (Wilaya de Médéa).
La ville est mentionnée par Ibn Khaldoun qui indique que le mont Tetri est le royaume des Zirides, dans lequel se trouvent les ruines d’Achir. Des fouilles archéologiques ont permis de déterminer l’existence de deux sites zirides dans ce secteur.
Selon Lucien Golvin, qui a entrepris des fouilles sur le site en 1954, Achir est composée de deux cités distinctes. Achir ou Yachir, la capitale de Ziri et Benia, construite postérieurement par son fils Bologhine, 2 km plus au sud.
Yachir fut érigée sur un plateau étroit protégé au nord par le kef (crête) Lakhdar-à AIN BOUCIF et bordée de chaque côté par les fossés encaissés des oueds. Quelques ruines de remparts surplombant les fossés témoignent de l’existence d’une cité.
À 200 m à l’est le palais de Ziri, bâti aux alentours de 947, semble avoir été en dehors de la ville. Quelles sont les caractéristiques du monument ?
L’enceinte rectangulaire (72 x 40 m) est renforcée aux angles et à intervalles réguliers par de gros piliers carrés et présente quelques décrochements en saillie sur les faces. L’axe central traverse la salle d’honneur, la cour et la porte en avant-corps qui protège une entrée en chicane. Le palais présente une vaste cour centrale (33 x 35 m) cernée de salles avec galerie à colonnade au Sud et quatre cours secondaires qui se répartissent symétriquement de part et d’autre déterminant quatre appartements semblables dont certaines pièces font saillie sur le mur d’enceinte. La présence d’escaliers à chaque aile laisse à penser qu’ils menaient peut-être à un étage. Il reste peu de choses du décor: quelques fûts de colonnes, des socles, de curieux chapiteaux et quelques blocs sculptés.
Ce palais présente des similitudes avec celui d’el-Quaim, le même architecte ayant officié dans les deux cas.
Les ruines de ce palais construit à côté de la ville populaire; le soin apporté à l’élaboration du plan, la solidité et le fini de la maçonnerie, le style général qui s’inspire nettement de l’Orient, le sobre décor des façades et de la cour centrale; attestent une certaine opulence.
Ibn al-Athîr nous apprend que Bologhine en 972-973 a construit une nouvelle ville qu’il peupla des gens de Tlemcen qu’il avait défaits. Cette nouvelle cité serait Benia, située non loin de Yachir, dans une petite vallée que surmonte le kef Tisemlail ; mieux située en aplomb au-dessus de la plaine, mieux défendable que sa ville jumelle.
On relève dans ce lieu, riche en sources, les traces nombreuses de ruines dont celles d’un vaste mur d’enceinte, d’une mosquée et d’un manar (tour à signaux). Des tessons de poterie d’inspiration orientale ont également été mis au jour.
Une vue aérienne révèle la disposition de la ville.
La muraille est de plan grossièrement rectangulaire, de 800 x 400 m, renforcée par des piliers disposés à égale distance, avec une porte en chicane dans sa partie ouest et en partie estompée vers l’Est en raison des habitations et des champs agricoles. Vers le Sud elle monte à l’assaut d’un piton qu’elle escalade jusqu’au sommet en épousant la forme de la crête, ce qui lui donne la forme d’un entonnoir. Au sommet du piton, les ruines d’un manar qui semble avoir existé du temps de Ziri. Les vestiges d’une tour semblable sont apparentes à l’angle S/E de l’enceinte. Le tracé d’une vaste construction dans cet entonnoir porte le nom de “Dar es Sultan”.
Deux axes principaux N/S et E/O qui doivent correspondre à des rues sont également visibles. Près de leur intersection, un édifice qui pourrait correspondre à une mosquée de 7 nefs et 4 travées.
Néanmoins, le lieu restant largement inexploré, des fouilles sérieuses sont à envisager.